Apres notre premier jour de funeraille Toraja, on y retourne encore un coup.
On a file notre lessive hier a une petite nana qui ne nous a helas pas rendu nos fringues a temps, Audrey est donc affublee de son grand pantalon rouge, pas tres bienvenu pour des funerailles. On file donc acheter un sarong et on fonce dans la famille qui nous a recu hier.
On arrive en plein combats de buffles, qu`on imaginait tres violents... en realite les deux betes se jaugent quelques minutes, encouragees par les cris et les grands gestes des invites, c`est parfois assez long, les hommes font leurs paris, puis tout a coup dans un grand choc de tete le combat commence ! Il dure quelques secondes, le temps que l`un des deux cede et s`enfuie plus loin ! la violence c`est pas pour tout de suite, mais on aura notre quota bien assez vite :)
Puis on amene un autre buffle qui affronte le vainqueur, et ainsi de suite. Des qu`une bete gagne les hommes presents crient de joient et sautent partout comme des gosses. Mais quel que soient les resultats, tous les buffles presents vont y passer (sauf un ou deux qui seront revendus).
Au bout de 3 - 4 combats on monte s`installer a nouveau dans le petit village funeraire, a la meme place qu`hier, et Audrey a l`intention de rester bien sagement assise cette fois !
Il y a beaucoup moins d`invites, l`ambiance est moins festive, plus concentree, le moment est a la fois detendu et solennel. On espere les delicieux petits gateaux d`hier, mais en vain, helas ni the ni cafe... merdum c`etait trop bon.
Les hommes presentent les buffles au milieu de la place, puis assez vite debutent les sacrifices.
Les buffles sont amenes chacun leur tour puis egorges d`un geste rapide, des que l`un s`effondre et ne se releve plus ( parfois un deuxieme coup vient accelerer la mise a mort), on amene le suivant juste a cote, et meme scenario... les cadavres et les agonisants s`amoncelent dans une riviere de sang... ca bouillonne, ca gargouille, ca tremble et ca meure, lentement parfois, plus vite pour les plus chanceux... c`est dur, on est assez blemes, au bout d`un moment on ne prend plus de photo ni ne filmons, et la plus possible d`avoir la distance de l`ecran, on s`en prend plein la figure, au sens propre comme au figure, Audrey recevant une giclee de sang dans les cheveux et Fabien sur son T shirt.
On reste un peu cloue par la scene, tres forte, toujours accompagnee des encouragements et cris enthousiastes des invites presents.
Une touriste tombe dans les pommes, bang la tete sur une barriere de bois... Notre guide nous donne l`information a voix basse, ajoutant `` si on n`aime pas le sang il ne faut pas venir en pays Toraja, c`est n`importe quoi``, et on le comprend : le but de sa vie est de pouvoir acheter un buffle pour les funerailles de sa belle mere qui auront lieu en decembre. Ici les sacrifices representent le moment ou l`ame du defunt peut enfin rejoindre le paradis, c`est absolument essentiel et le pivot meme de toute leur existence, faire la fine bouche, exprimer du degout ou du malaise est donc evidemment percu comme une insulte.
On reste donc stoique, parfaitement zen, mais on ne s`attarde pas trop quand arrive le depecage ( chaque morceau revient a des personnes ayant fait des dons et des membres de la famille, vivant parfois tres loin, sur d`autres iles). La terre est toute recouverte de flaques et de bulles rouges, on est bien heureux d`avoir assiste a une petite ceremonie... 300 buffles on aurait pas pu.
C`etait vraiment une experience incroyable, et une culture a cent mille lieux de tout ce qu`on connait.
Apres une courte ballade qui nous aere un peu, on va manger dans un restau genial en bord de riziere, la vue est magnifique. On decouvre la nourriture typique Toraja, plusieurs sortes de riz, legumes, du poulet cuit dans du bambou et du porc avec une epice speciale, qui ressemble enormement au porc au miel de Valou, un delice.
Audrey exprime sa grosse grosse angoisse a l`idee de partir en treck pour trois jours... le gros corniaud qui nous a vendu ca nous a chope a la sortie de l`avion, epuises, paumes, et Audrey a meme pas capte qu`il etait en train de lui vendre un aller simple pour l`enfer.. elle s`en veut enormement, et se demande comment faire pour abandonner sans avoir l`air d`une lache. Impossible helas, Fabien lui certifie qu`il la portera sur son dos s`il le faut, que le premier jour est le plus dur mais qu`apres ca descend tout du long ( on verra que non pas du tout) mais rasserenee, elle finit pas accepter.
On enchaine ensuite sur tous les petits villages au sud de Rantepao, reputes tres touristiques dans le guide, et qui en fait se sont reveles superbes... a peine quelques couples de francais presents ( qui sont les principaux visiteur de l`ile, ca parle notre langue a tous les coins de rue ^^)
On a ainsi decouvert des grottes et des falaises recouvertes de crane et de cercueils ( parfois en forme de cochon pour les femmes et de bufle pour les hommes), certains datant de plusieurs siecles, eventres par le temps. Les sepultures sont creusees dans la roche, ce qui demande un travail titanesque, et pour ce qui est des grottes naturelles, seuls certaines familles tres richent y ont acces. Les os sont eparpilles autour des offrandes de cigarette et de bouteille d`alcool.
A la lumiere d`une lampe a petrole on decouvre les ossements de deux jeunes amoureux de la meme famille qui se sont vu refuser l`autorisation de se marier il y a bien longtemps et se sont suicides... leur cranes sont l`un a cote de l`autre, en Romeo et Juliette Torajas.
Dans un autre village, c`est l`arbre de vie qui nous impressionne. Les locaux ne viennent pas trop souvent ici, de peur de ramener la mauvaise chance chez eux, les bambous autour ne sont jamais coupes. L`arbre est destine au enfants qui sont morts entre la naissance et 5 mois, on creuse alors des trous dans l`ecorce et on y depose les petits corps debout, entoures d`un linceul blanc. On referme le trou et les enfants continuent ainsi a grandir avec l`arbre, nourris par la seve, et peuvent ainsi s`elever jusqu`au puya. Chaque village a son arbre de vie, souvent cache.
Des Tau-tau, figurines statues a l`effigie du mort nous surveillent ou nous accueillent pres des tombes, etranges spectateurs des vivants.
En grimpant vers l`une des grottes on apercoit comme un gros scolopandre, Audrey le photographie illico, ca change des os et des buffles, une bebete qui bouge, youpi. Notre guide precise que l`insecte n`est pas dangereux.... sauf quand il envoie un liquide dans les yeux qui rend aveugle.
Oui, les indonesiens n`ont pas la meme notion du danger !
Le lendemain, depart de bonne heure pour trois jours de treck... il etait pas realiste le Floris !
Au bout de vingt minutes de montee ardue elle abandonne, degoutee, le coeur affole, les poumons brulants, la tete qui tourne et la rage au ventre... putain de merde, elle savait qu`elle en etait pas capable, et les echecs c`est vraiment pas bon pour le moral ! Youssouf trouve une solution : elle monte sur une moto qui l`emmene sur une route completement defoncee mais tres belle jusqu`au village d`arrivee. Fabien et lui font le chemin a pieds, a un train d`enfer, le guide a du mal a grimper aussi facilement que fabien (il est de haute-savoie) et la rejoignent en fait tres vite.
On continue tous ensemble le reste de la journee apres avoir mange dans un petit village la nourriture preparee par la femme de Youssouf, c`est en descente ou a plat, nikel.
Le soir on arrive dans un petit village vraiment charmant, et on dort dans une maison traditionnelle, apres avoir mange du buffle ( oui oui on a pu !). Les enfants jouent partout au milieu des poules des coqs et des chiens. Une femmelle buffle vient de mettre bas. On aime ce moment tout simple, meme si fabien se pele les meules toute la nuit tandis qu`audrey suffoque sous les couvertures rejetees par Fabien le ouistiti qui s`agitte et tente de se lover contre elle tout en la bousculant et lui mettant des coups de coudes pour essayer de se rechauffer, ce qui la fait doucement couiner sans comprendre ce qui se passe :)
Le lendemain, on part tres tot, notre guide nous a prepare un chemin raccourci : seulement 20 minutes de montee, apres ca descend trankilou...
Mon cul ! On grimpe pendant 2 heures, sans discontinuer avec parfois de legeres descentes pour remonter aussi secs, Fabien se retrouve a tirer Audrey avec un baton de marche, trempe, (et dire qu`il voulait la porter !!!) elle n en peut plus ses jambes flageollent, la respiration est courte, elle a envie de tuer le guide qui a encore raconte n`importe quoi, alors plutot que d`assassiner ce pauvre Youssouf ( ca couterait cher en boeufs a sa veuve) elle prend la ferme decision d`arreter la le delire, et le signifie gentiment mais clairement au mort en sursis. Ce dernier tente de la convaincre que la suite dans les rizieres sera plus tranquille, mais pas folle la guepe, elle refuse et demande de rentrer a Rantepao. Elle repart donc a moto. Fabien continue avec le guide, et effectivement Audrey n aurait pas pu faire le trajet beaucoup trop epuisant : descente a pic dans la jungle, grosses montees etc...
en milieu de journee ils arrivent dans un nouveau village torraja charmant... sauf la nuit ou il fait encore tres froid pour Fabien, vraiment pas de bol.
Le lendemain matin depart a 8h30 sous la pluie, Fabien marche dans les fameuses rizieres ``faciles``, boue qui glisse horriblement, raccourcis a pic, le guide et lui manquent se retamer plus d`une fois, et apres 4h de marche intense, ils arrivent a Rantepao ! Petite frayeur devant l`absence d`Audrey partie manger tranquillou, elle profite la chienne !
Fabien paye le guide et lui donne un pourboire honteux, il se refait pas le Floris, raleur mais genereux. Arrive le moment tant espere de la douche chaude apres 3 jours sans se laver ! Repos bien merite.
Audrey de son cote essaye malgre la connexion prise de chou de payer les billets d avions manado-jakarta pour le 20 aout, ce qui n`est pas une mince affaire. C`est notre derniere nuit a Rantepao, demain depart pour les Togians.
On vous bizoute, vermoulus mais aimants ^^
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